top of page

14 avril 2008

 

Gédéon, en dépit ou du fait, plutôt, de sa particule, est un paysan. A ce titre, il sait bien, lui, que les anciens ont toujours raison, et qu’on ferait mieux de les écouter au lieu de vouloir sans arrêt réinventer l’eau tiède.

Tiens, l’avion électrique, par exemple, qui suit la mode des automobiles du même jus. C’est très bien, l’électrique, mais il faut voir à cesser de raconter à qui n’a pas de culture que « c’est nouveau ça vient de sortir ». Gédéon en a un peu, de culture, comme tout bon paysan qui se respecte, que même des lecteurs lui écrivent pour l’en complimenter.

 

Alors bon, l’électrique, donc. Commençons par l’auto, juste pour meubler en attendant la révélation, en matière d'aviation, qui tue, mais aussi parce que les progrès de l’une profitent à l’autre, et réciproquement. Ferdinand Porsche, qui n’a pas tout raté dans sa vie, propulsait sa première auto, la Lohner-Porsche, à l’électricité, en 1900 ! Une fois que l’on a su le convaincre que l’avenir serait au pétrole, il est passé à l’explosion. Son voisin, jusque-là fort urbain, se plaignait du vacarme que produisait ce nouveau mode de propulsion. Un type singulier, ce voisin, soit dit en passant, il prétendait expliquer les rêves. Un certain Sigmund Freud…

 

Bon alors, on pourrait en citer des tonnes, mais faisons court, on n'a qu’une page, et puis ici c’est d’aviation qu’on cause.

Le premier aéronef à avoir effectué une navigation aérienne, en l’occurrence d’Auteuil à Croissy sur Seine, était propulsé par des moteurs électriques ! Et c’était en 1883, un certain Tissandier avait inventé et piloté ça. On peut observer l’un de ses moteurs au Musée de l’air du Bourget. Un dirigeable, certes, et alors ?

 

Et alors, le gros problème qui se posa, très vite, était l’autonomie. Au prétexte de ce problème, on  a abandonné plus ou moins l’idée, jusqu’à ce qu’une prétendue pénurie d’énergies fossiles, dont certains attendent toujours les preuves, obligeât à ressortir le moteur électrique des musées. Que de temps perdu, au prétexte que les vieux sont des ignares ! Alors bon, on essaie un peu toutes les solutions, comme l’hybride : un petit moteur thermique qui entraîne une gégène, par exemple. Perdu, le même Porsche a tenté, sur la deuxième version de sa Lohner-Porsche (qui fut aussi le premier 4X4, pour ceux que ça intéresse). Non, décidemment, le seul problème que rencontrent tous ceux qui, depuis des décennies, s’essaient à l’électrique, est l’autonomie. Oui, depuis des décennies, car en dépit des effets d’annonces, ça fait longtemps que l’on voit des planeurs et ULM électriques. Avec une autonomie de 20 minutes et à des tarifs que la morale réprouve. Tout ça, encore une fois, parce qu’on pense que les anciens sont des cons qui ne comprennent rien…

 

Sinon…

 

Il voulait causer d’autre chose, le Gédéon, mais un truc le titille encore, qu’il ne saurait passer sous silence sous peine de mal dormir la nuit prochaine.

Des avantages du moteur électrique, il en est un qui fut évoqué plus faut, que même le gars Freud était d’accord. Le bruit. Un moteur électrique fait moins de bruit qu’un qui explose. C’est assez logique, et tant mieux. Bon. Mais alors, le vieux Gédéon, y’a une chose qu’il ne s’explique pas, quand même. Puisque le moteur électrique revient à la mode et tente de rattraper le siècle de retard qu’il a pris à cause du pétrole et de la suffisance des jeunes, et que du coup on cherche à lui trouver toutes les vertus du monde, sur le bruit, là, il ne voit pas bien. Un moteur d’avions, ça fait du bruit, c’est incontesté, surtout par les citoyens qui vivent près des aérodromes. L’ULM, qui a progressé en 20 ans trois fois plus vite que l’avion en un demi-siècle, a su réduire le bruit de ses moteurs à explosion au point que l’on n’entend plus que l’hélice. Et alors là, paf, pour l’avez vu venir, le Biyanvrac ! Comment se ferait-il donc s’il vous plaît, et par quel miracle, dites-nous, qu'une hélice donnée, qui doit tourner, avec tel diamètre et tel pas, à telle vitesse pour mouvoir tel avion, ferait tout d’un coup moins de bruit du simple fait que c’est un moteur électrique qui l’anime ? Le premier qui apporte un début de commencement de réponse qui tienne la route gagne un pâté aux framboises.

 

Bon, sur le bruit, donc, il ne voit pas. Ah oui, d’accord Môssieur je sais tout, mais la pollution, alors ? « Laissez-moi rire », qu’il dit, le Gédéon. Laissons-le donc, puis écoutons : « HA HA ». Le Gédéon, lui, il trouve que en effet un moteur électrique, en fonctionnement, pollue moins qu’un moteur thermique, si l’on s’en tient au seul élément à la mode : le rejet de CO2. Mais, tout de même, et à ce qu’il croit en avoir compris, le processus de fabrication des batteries qui vont enfin permettre de tenir un peu est extrêmement polluant. Leur retraitement, une fois qu’elles sont parvenues en fin de vie, on n’en cause même pas. Mais on trouvera des solutions. Soit. Si le pétrole ne pollue pas tant dans sa combustion que dans sa production, il en va de même, dit notre ami, de l’électricité, ou pas ? Il semble tout de même que les barrages hydroélectriques aient des conséquences pas forcément sympathiques sur l’écosystème ambiant, que les centrales au charbon (ou au pétrole, tiens, il se gondole, Gédéon), rejetassent un chouia de CO2 aussi, non ? Quant au nucléaire, qui fournit sous nos cieux la plus grande part de la fée, il y a tellement de débats qu’il ne vaut même pas mieux s’en mêler.

 

Et si, plutôt que de se chercher une justification qui n’a pas forcément lieu d’être, les partisans de l’électrique se contentaient de chercher, voire de trouver, en admettant simplement que oui, et une fois de plus, les anciens avaient raison ?

 

L’homme pollue, ce n’est pas nouveau, même l’homme des cavernes dont les flatulences nuisaient déjà à la couche d’ozone. Ce n’est pas Gédéon qui prétendra le contraire, lui qui vous irrite le cerveau depuis plus d’un an déjà !

 

bottom of page