Hollande dégage
27 novembre 2014
Alors bon, voilà. Un gars fait causer de lui avec son slogan « Hollande démission ». Aucun rapport avec le gédéonisme, si ce n’est que ce mec, depuis 18 mois, tracte sa banderole derrière un ULM. Un Hanuman, même que c’est. Donc, le Gédéon va tâcher de ne pas causer de politique (sinon pour rappeler quelques faits), et rester sur l’ulmitudinal aspect des choses, qui rejoint, forcément et à un moment, le politique, tu vas voir.
Faits : depuis 18 mois, donc, David Van Hemelryck, que c’est son blase, au celui, survole la France avec sa banderole « Hollande démission ». Et aussi, il fait des manifs, parfois seul, ou distribue des sifflets sur les Champs-Elysées le jour où le Gédéon, à l’instar du Georges, reste dans son lit douillet, pour que les gens sifflent au passage du président de la République. C’est son droit, il fait tout cela en parfaite légalité, est bien sûr l’objet d’une surveillance rapprochée, mais reste libre, puisque rien d’illégal n’est tenté pendant ses manifestations d’humeur. Ou presque, si, une fois les pandores lui ont piqué son tissu, que les lascars, durant ce temps, qui lui font les banderoles, sont bien contents, ça fait tourner leur commerce !
C’est la démocratie, laquelle ne sera vraiment légitime, comme dit le Rousseau, que le jour où un vote décidera à l’unanimité que c’est ce système-là qu’il faut. Que tu vois bien que ce n’est pas possible, laissons donc le JJ rêver au bord du lac et revenons à nos banderoles.
La démocratie c’est donc que le peuple, souverain, tout ça, vote parmi les ceux qui se sont portés candidats et ont annoncé leur programme. Président, c’est cinq ans, que ça dure. Et alors donc, le celui qui a été élu, il est le chef jusqu’au prochain coup. Que si on n’est pas content, on attend la prochaine fois et on vote autrement. Et d’ailleurs, c’est toujours le cas, on est jamais content.
Donc, le dernier coup, on voté contre le celui d’avant. Ce qui fait qu’on a hérité de celui qui était en face, le normal, là, malgré son air de pharmacien de province constipé. Les institutions qu’on a, disent qu’on en a pris pour cinq ans. Et que, sauf manquement grave genre il soumet l’armée française à un ennemi, par exemple, il ne peut être destitué.
Et la démocratie qu’on est dedans, c’est aussi que des sondages peuvent dire que 85% des français sont mécontents. Et la démocratie, c’est aussi que un peut se promener avec sa banderole « Hollande démission » sans être mis au cachot. Et c’est plutôt pas mal, que dit le Gédéon, c’est sain. C’est même la preuve que la démocratie fonctionne parfaitement bien. Que si t’es pas d’accord avec ça, vas-y voir comment que c’est là où que c’est pas la démocratie, pour voir.
Mais là où le Gédéon s’agace un peu, justement, c’est que le gars, là, le DVH comme il se dit, affirme haut et fort qu’il fait ça parce-que « on n’est plus en démocratie »… alors que, justement, il prouve le contraire ! Le jour où la France entière commémore du fond de son lit férié tous les morts pour la France, ce mec survole le site sur lequel le président de la cinquième puissance mondiale va se recueillir, avec sa banderole « Hollande démission », devant toutes les télés. Le soir même, il est dans son lit, chez lui, tranquille, après avoir simplement répondu à quelques questions d’usage et démontré qu’il était dans son bon droit. Comme ça, ça se passe. Et le type explique qu’on est pas en démocratie. Ce serait quoi, alors, que demande le Gédéon, la démocratie ? Tiens, en Suisse, qu’on dit que c’est la plus parfaite des démocraties, y’aurait pas possible, ça ! Et chez les Grecs, fondateurs de la démocratie, tu crois que y’avait des Van Hemerlyck qui survolaient les assemblées avec une banderole « casse-toi Σωκράτης ? » Hein ? Alors…
Et aussi et là ça nous concerne davantage, vu que ça donne une image toute pourrie de nos jouets, il dit, ce mec, sur la TV, qu’il risque sa vie, qu’il est un héros, que s’il tombe en panne à 500 pieds il est mort !
Rien que pour ça, le type perd tout crédit aux yeux du Gédéon, que du coup ça l’énerve et il est allé voir de plus près.
Les gars est catho, c’est son droit. Tradi, c’est son droit, messe en latin, tout ça. Anti mariage pour tous, c’est son droit. Pro bonnets rouges, c’est son droit mais déjà moins cohérent. Tout ça, bon. Du coup, logique qu’il soit anti Normal.
Mais ce que le Gédéon voudrait dire à celui-là, c’est qu’il faudrait bien, avant de crier à ceux qui l’entendent qu’on n’est plus en démocratie, qu’il regarde un peu qui lui a permis, au lui, de tirer sa banderole comme ça. Que y’a qu’en France que tu peux faire ça en ULM. Il te le donne en mille, Biyanvrac : la gauche, celle-là contre laquelle il se bat ! Que la droite, elle, celle de laquelle il se réclame, elle a interdit ce genre de choses, dans les pays qu’elle gouvernait quand l’ULM a commencé à revendiquer des trucs. Reagan, Thatcher, tout ça, pour eux, l’ULM est un avion comme les autres… enfin, moins, vu qu’il a vachement moins de droits mais autant de contraintes. Et alors, Mr Normal, celui dont DVH veut la démission, il était chef de cabinet du porte parole du gouvernement qui a décidé de libéraliser l’ULM, dans les années 1980 !
Tiens, un autre fait historique, pour illustrer le propos gédéonesque : le 25 mars 1977, Chirac devient maire de Paris, qu’il n’y en avait plus depuis 105 ans. Une des premières mesures qu’il prend est de renforcer l’interdiction de survol de Paris par les aéronefs civils, puis, plus tard, faire décréter l’interdiction des ULM dans un rayon de 40 km autour ! Interdiction levée depuis, heureusement, merci pour les meldois. Et alors, tiens-toi bien, pendant la campagne pour son élection, un ULM a survolé Paris (Grande Armée, Champs, Seine, la totale), avec une banderole « votez Chirac ! » Crac, la voilà, la droite dont se réclame le DVH, elle use des armes permises par son opposant, puis les interdit une fois qu’elle a le pouvoir de ! Biyanvrac ne dit pas que la gauche c’est tout bien et la droite c’est caca, non, c’est pas là. Il dit juste des faits.
Alors ? Ce DVH est militaire de formation. Officier, puisque Polytechnicien. En tant que tel, il devrait savoir qu’on ne se bat pas contre celui qui a donné les armes avec lesquelles on prétend l’attaquer. C’est félonie.
Sinon, tiens, pour finir en rigolade : au détour d’une entrevue au Figaro, ce pilote d’ULM qui dit qu’on meurt quand on tombe en panne, explique que son association « Hollande Dégage » vit de dons. Mais que lui, le DVH, facture ses prestations à l’assoss à hauteur de 300 € l’heure de banderole et que, depuis 18 mois, il a facturé 200 heures…
Bravo l’artiste !