Editorial ULMiste n°7
Article paru dans ULMiste n°7, décembre 2011
"Ce n’est plus de l’ULM !”
Combien de fois n’entendons-nous pas ce jugement définitif, lancé par des pilotes ULM posés en défenseurs autoproclamés d’une orthodoxie qu’ils seraient bien en peine de définir ? Aussitôt qu’apparaît une machine équipée d’un quelconque équipement jusqu’ici absent de nos machines, voici les orthodoxes qui crient “ce n’est plus de l’ULM”.
Et cette rengaine existe depuis le tout début.
Quand l’ULM était au départ un pendulaire (en France), il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM” lorsque des machines aux allures de Blériot sont apparues.
Quand on a imaginé des biplaces, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a ajouté un troisième axe, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a fermé la cabine (horreur !), il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a mis un chauffage dans cette cabine, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a mis des instruments pour surveiller le moteur et gérer sa navigation, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a imaginé aller voir de l’autre côté de la colline, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a voulu se poser sur les aérodromes, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a mis plus de 30 cv sur un biplace, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a dépassé les 100 km/h, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand nos machines sont devenues, pour certaines, autre chose que des tubes et toile fluo, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on a mis des transpondeurs, il s’en est trouvé pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand on met des pilotes automatiques, il s’en trouve pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quant on met un horizon artificiel (dont l’usage hors VFR reste interdit), il s’en trouve pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quant on met un train rentrant, il s’en trouve pour dire “ce n’est plus de l’ULM”.
Quand le présent magazine cause d’autre chose que de ce qui entre dans leur cadre, il s’en trouve pour dire “ce n’est plus ULMiste”.
A un moment, il va falloir expliquer où se situerait la limite et, surtout, qui la définit. Pour notre part, nous avons défini ce qui est ULM selon nous (et selon ce qui nous semble être la raison), dès notre numéro 1, en pages 14 et 15.
D’autres domaines dans lesquels des orthodoxes se posent en défenseurs exclusifs de la bonne façon de penser (et éventuellement, d’agir) sont les religions et la politique, qui sont bien plus proches qu’elles ne veulent l’admettre, en ce qu’elles prétendent également à instaurer des modèles de société. Mais, dans ces cas-là existent des références. Les révélations pour nos religions, les écrits des maîtres à penser pour la politique. Ainsi, on peut affirmer qu’un catholique romain qui ne va pas à la messe tous les dimanches ne l’est plus et qu’un marxiste qui fait une concession au capital doit se remettre en cause.
Mais, s’agissant de l’ULM, aucun dogme n’existe. Ni par révélation, ni par adhésion. Sinon ceux que se posent certains, mais qui devraient parfois se contenter de les appliquer eux-mêmes avant de venir donner des leçons aux autres. Ou alors, si une “Bible” existait, encore faudrait-il savoir qui l’aurait écrite ou va l’écrire et sur quels fondements les limites seraient posées.
Pour encore préciser notre position, à ULMiste nous sommes légalistes et nous efforçons donc de respecter le cadre qui nous est concédé, parce que nous savons que c’est le contrat qui nous lie à une administration bienveillante (car elle l’est), mais sévère (elle sait l’être).
Pour autant, ce cadre peut évoluer et a déjà considérablement évolué dans le temps. Toujours en suivant la voie des défricheurs. Si certains n’avaient pas décollé de leur champ sans rien demander, l’ULM n’existerait pas. Si d’autres ne s’étaient pas présenté à l’approche d’une CTR en annonçant fièrement “transpondeur à bord”, d’aucuns continueraient d’imaginer que c’est interdit.
Et on ne va pas recommencer la litanie.
Que telle machine ou tel équipement soit “ULM” ou pas, chacun peut, aujourd’hui, voler selon son goût et s’est bien la seule chose qu’il faut préserver.